vendredi 15 avril 2016

Hommage sincère, dithyrambique et appuyé à M. Poubelle, par Scato d'Urtic

Adieu Crottin (ou le Génie hygiénique)

Au Moyen âge, la plupart des hommes se sentaient bien emmerdés
Car, n’ayant point encore rencontré le Grand Génie hygiénique,
Les villes restaient sales, miteuses et plongées dans un désordre anarchique :
On y respirait éternellement l’odeur de l’urée, de la sueur et de la purée,

Et partout s’exhalait le parfum des toilettes, au lieu du splendide parfum des prés.
Chaque jour, les ordures passaient au travers des fenêtres et s’accumulaient
Sous les porches, tant et si bien que les riches citadins se voyaient contraints
D’envoyer bien des pauvres dans la mouise, la daube, le foin, la gerbe et le crottin,

Se vantant de tenir à eux seuls le haut du pavé
– Foutus rois du Karcher, Fils honnis du Tri sélectif !
Roulant en Porsche, ces grands escogriffes habillés de vestes à griffe,
Se plaisaient, dans l’ombre comme à la lueur des torches, à massacrer leurs valets.

Mais – notez-le dans vos carnets ! –  le 15 avril 1831 naquit Monsieur Poubelle,
Vénérable humaniste, auguste figure de l’Histoire, magnanime Préfet de la Seine,
Et, aux yeux comme au nez de l’avenir, fidèle garant de l’hygiène.
Très en avance sur son temps, il donna son nom à une Invention si noble et si belle !

C’est donc dans les années 1880 qu’enfin la boue, les bouses et autres étrons furent régulièrement ramassés à la pelle,
Tandis que les déchets ménagers, enrobés de jolis sacs irisés, remplirent de grandes bennes obscènes :
À partir de ce moment-là, plus jamais – non, plus jamais – l’on ne marcha dans les selles

Et les artères de Paris, enfin décrottées, libérées et sanctifiées, redevinrent pour toujours propres et saines.

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