jeudi 2 avril 2020
Poème de confinement
Ouvrir sa fenêtre
Et prendre l’air
Du large.
Sentir le varech
Et les embruns
Alcalins.
Nous sommes en mer !
Ouvrir sa fenêtre
Et perdre pied,
Naviguer, voyager sur les flots
S’étendre sur le sable chaud
Et laisser sa peau
Dorer légèrement au soleil.
Ventres, nous sommes à l’air !
Ouvrir sa fenêtre
Ecouter le souffle du vent
Dans les hautes voilures,
Le chant printanier des mésanges bleues
Les Quatre saisons de Vivaldi ou une fugue de Haendel
Oreilles, nous avons l’air !
J’ouvre ma fenêtre
Tiens ! Un arc-en-ciel de paix embrasse
La ville, plongée sous un tonnerre
D’applaudissements
Venus saluer l’engagement
Du personnel soignant
Ouvrir sa fenêtre
Et entendre les trilles
Mélodieuses du merle
Moqueur, alors que Big Ben sonne
Le glas de Boris Johnson
Hello, nous sommes l’Enfer !
Ouvrir sa fenêtre
Contempler des tours de Babel
À l’abandon
Ou des châteaux de Bavière
En érection
Sur un rythme élancé
De bandonéon
Nous sommes en pierres !
Ouvrir sa fenêtre
Sur un tableau de Magritte
Représentant une fenêtre ouverte sur
Une autre fenêtre ouvrant sur
Une autre fenêtre ouvrant sur
Une autre fenêtre
Ouverte à l’infini
Ouvrir sa fenêtre
Et voir passer un col de girafe,
Un vol d’hirondelles
Ou la trompe de Djumbo l’Élephant.
Hilares, nous sommes en l’air !
Ouvrir sa fenêtre
S’aventurer dans une forêt vierge
Peuplée de dodos, de pandas,
De koalas, de ouistitis, de macaques
Et de paresseux joyeux
Somnolant dans les arbres
Ou se balançant au bout de tortueuses lianes
Pas de doute, nous sommes en serre !
Ouvrir sa fenêtre
Et rêvasser de pâtisseries orientales,
De pommes d’amours,
De saunas, de cures thermales,
De massages et de hammams.
Eh oui, nous sommes en chair !
Ouvrir sa fenêtre
Sans se lever de son lit
– Là est le pari ! –
En temps de confinement
– con ou intelligent –
Le plus important,
C’est de ne pas perdre sa ligne
D’HO-RI-ZON.
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